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Grimspace
9 février 2007

Proustien

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Aujourd’hui j’ai patienté devant la gare de Lyon, à l’arrêt du 91 boulevard Diderot en fait. Et la tour et l’horloge de la gare se reflétaient dans les vitres des immeubles neufs de la rue de Bercy. Comme ces vitres sont fumées, le reflet était sagement orageux.

Une odeur assez caractéristique a atteint mon grand nez. Une odeur bien particulière que je n’avais pas sentie depuis longtemps. Je me suis retourné en tous sens pensant apercevoir quelque skieur égaré sur le trottoir parisien mais rien de cela. Il n’y avait que des gens très corrects à l’entour, tout ce qu’il y avait de plus parisien.

Dans l’air flottait donc de façon assez inexplicable une odeur de ski. Une odeur de ski ? Oui mon cher. Une atmosphère de ski. J’entendais presque le choc des Salomon sur les planches Rossignol, le doux ronronnement des machines Poma, le fracas des perches au bas des téléskis, le crissement de la neige sous les spatules Dynastar.

Et cette odeur alors ? Une note de crème solaire, pas celle qu’on utilise en été. Celle qui est bien grasse et bien épaisse avec laquelle on se tartine le visage le matin, celle qui dort au fond de la poche avec les barres Raiders ou Ovomaltine. Et le parfum enivrant du froid métallique. Ce parfum qui incruste la main nue restée scotchée à la perche tout au long de la montée. Scotchée parce que le gant est enfilé sur un bâton et que l’on se refuse de faire des acrobaties, de solliciter ses adducteurs pour s’en saisir, de peur de glisser de côté et de lâcher la perche sournoise qui n’attend que cela.

Et je repensais du coup au froissement sec de l’étoffe givrée du pardessus, au supplice de la recherche d’une fermeture éclair avec des doigts gourds et gelés, aux dents qui rencontrent la couche dure du caramel congelé avant de mordre dans le biscuit, au claquement sec des skis entrechoqués, au bruissement du papier Mars que l’on déchire, aux bruits mats et assourdis par l’épaisse couche de neige, aux flocons acérés qui piquent le visage à grande vitesse, au froid qui engourdi le corps à la pause de 14h00, les fesses collées sur l’envers des skis.

Voilà ce à quoi je pensais, dans le froid relatif, perdu dans mes pensées en face de cette gare de Lyon qui accueille les skieurs aux vacances idoines.

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Commentaires
C
c'est super et toujours assez juste; surtout le passage sur le tire-fesses, c'est fou ce que j'ai à chaque fois l'impression que la perche est en avance sur moi et qu'elle va m'obliger à la lacher... et dire que je pensais qu'avec l'expérience, je n'aurai plus cette angoisse!
M
j'aime beaucoup beaucoup... c'est comme si j'y étais. Bon sauf que moi, où je skiais, gamine, il faisait 15˚C et il y avait rarement plus d'une piste ouverte :)
E
A ces petites joies du ski, j'ajouterai la demarche un peu gauche des parisiens sur le parking des stations, et la buee sur le masque.<br /> Mais bon, tu le dis un peu mieux.
Grimspace
  • It might be very interesting... It should be I ought to say. But... C'est la vie ! Que risque-t-on de trouver là ? Ma foi, je pense des photos, peut-être même des dessins, peut-être aussi des textes plus ou moins intéressants. De la matière j'espère. Et
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